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mariusmirone

Asteroid City, la nouvelle pépite de Wes Anderson

Difficile d'avoir loupé la bande-annonce aux couleurs chatoyantes du dernier Wes Anderson, Asteroid City, en compétition au festival de Cannes. Dernier-né d'un réalisateur qui s'est désormais pleinement imposé dans le paysage cinématographique international (avec des films comme Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel ou encore The French Dispatch), et réunissant un casting exceptionnel, le film avait de quoi susciter de hautes attentes. Qu'en est-il une fois en salle?

Dès l'ouverture, le film éblouit par ses couleurs splendides, comme le laissait présager sa bande annonce. Son décor, une bourgade dans l'Amérique des fifties, déploie une palette allant du bleu-vert pastel au corail flamboyant, sur le fond ocre du désert. Des plans minutieux rappelant ceux des westerns permettent de faire rapidement le tour des lieux: quelques bungalows vides, un diner rétro et un cratère de météorite, point d'intérêt touristique de la ville. Des personnages aussi singuliers qu'éclectiques se retrouvent dans cette ville imaginaire, à l'occasion d'une cérémonie récompensant des jeunes surdoués pour leurs découvertes en astronomie. Parmi elleux, Woodrow Steenbeck, fils d'Augie (Jason Schwartzman), photographe de guerre, également accompagné de ses trois filles. Leur chemin croise celui de Midge Campbell (Scarlett Johansson), une actrice de passage, venue avec sa fille. L'événement est chamboulé par la venue d'un extra-terrestre, qui entraîne la mise en quarantaine de la ville. Cette intrigue principale alterne avec le récit de sa création par un dramaturge et son équipe de comédien.nes. L'une des forces du film est de faire sans cesse dialoguer ces deux espaces narratifs, jusqu'à les faire communiquer. La frontière entre récit est réalité se brouille jusqu'à ce que les acteur.ices ne sachent plus différencier leur rôle de leur personne. Wes Anderson pousse d'ailleurs le dispositif méta-théâtral encore plus loin: même dans l'univers fictif, les personnages continuent à jouer un rôle: l'actrice Midge Campell répète notamment son texte, jouant son propre suicide. Augie, qui lui donne la réplique, finit par se prendre au jeu, et c'est finalement ainsi qu'il laisse la place à l'émotion. Le procédé est le même lors de l'apparition de l'actrice qui joue sa femme décédée (Margot Robbie), dans le second univers: la rencontre entre les deux acteurs est également une rencontre entre les deux personnages qu'ils jouent. Le film repose sur cette porosité des frontières entre fiction et réalité, que symbolise aussi l'enterrement des cendres, en tant que passage de la vie à la mort, ou encore la rencontre avec l'alien. Cette construction complexe s'appuie sur un cadrage à la fois précis et audacieux: le choix du split-screen ou l'emploi de la profondeur de champ étirent les dimensions de l'image pour en faire un espace imaginaire et onirique. On peut cependant reprocher à Asteroid City sa densité: difficile de faire tenir une articulation si complexe en 1h40, on regrettera alors que le film ne soit pas un peu plus long, ou bien on pointera la nécessité d'un second visionnage... ce qui est un plutôt joli défaut.

 

Note: 4.5/5


Asteroid City, Wes Anderson, 2023.

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