Impossible d'avoir loupé la sortie événement du film de Greta Gerwig. Avant même de l'avoir vu, on connaissait tous.tes déjà par coeur la moitié de la BO et les répliques de la bande-annonce. Réunissant un casting de rêve dans un décor magnifique, le film s'annonçait drôle et décalé. Autre promesse, plus étonnante: un propos féministe, à rebours des standards sexistes pourtant imposés par les designers de la célèbre figurine. Qu'en est-il une fois en salle? Le discours tenu par Barbie dépasse-t-il un empowerment de surface ?
Dans la ville parfaite de Barbieland, Barbie (Margot Robbie) et ses amies vivent une vie de rêve 100% féminine. A une exception près: les Ken, dont le leader (Ryan Gosling) cherche à conquérir Barbie. Vivant en marge des Barbie, les Ken ne vivent qu'à travers leur regard, et sont sans cesse relégués au second plan. Des failles apparaissent dans cette vie parfaite le jour où Barbie est envahie de pensées négatives, développe de la cellulite et voit ses pieds devenir plats. Des problèmes très humains, en somme. Et pour cause: une brèche a été ouverte entre le vrai monde et Barbieland. Pour résoudre ce problème, Barbie doit se rendre dans le vrai monde. Accompagnée de Ken, elle arrive à Los Angeles où elle fait la rencontre d'un ennemi inattendu: le patriarcat. Hydre dont les mille têtes sont celles des badauds qui scrutent Barbie à chaque coin de rue, il s'étend jusque dans les bureaux de Mattel, entièrement dirigés par des hommes. A travers cette construction de deux univers en parallèle, le vrai monde apparaît comme le négatif peu reluisant de Barbieland: le sexisme ordinaire est ainsi intelligemment mis en relief par la réalisatrice. L'absurdité du système patriarcal est également mise en évidence avec beaucoup d'humour lorsque Ken, ayant découvert le fonctionnement du vrai monde, décide de le recréer à Barbieland. Si l'on peut se réjouir de ce discours féministe, difficile aussi d'ignorer qu'il est porté par une firme bâtie sur des diktats patriarcaux: Mattel. Mais Barbie pointe du doigt ces contradictions: les femmes du vrai monde accusent la poupée d'entretenir des normes de beauté sexistes, en partie responsables de leur mal-être. Il s'agit sans doute là d'une des grandes forces du film: sa capacité à tourner en dérision son modèle, en faisant naître le comique du décalage entre Barbieland et le monde réel. Difficile cependant de ne pas y voir un immense coup marketing (les poupées à l'effigie des personnages du film sont déjà disponibles à la vente...), mais il serait aussi de mauvaise foi d'en nier l'inventivité. On peut aussi se réjouir qu'un projet de si grande envergure défende des valeurs progressistes, et mette en avant une certaine diversité d'acteur.ices. La réussite du film tient aussi à la beauté des décors et à la qualité de la bande-son. Avec des titres signés Dua Lipa, Sam Smith ou encore Lizzo, Barbie réunit les icônes pop de la gen Z. En bref: avec un féminisme assumé et son humour corrosif, le film de Greta Gerwig a de quoi faire rêver ses spectateurs... et râler quelques boomers (en témoignent les commentaires AlloCiné).
Note : 4/5
Barbie, Greta Gerwig, USA, 2023.
Je doit allée voir ce film demain et j'ai encore plus envie d'aller le voir. Superbe critique