top of page

Disco Boy, la puissance du corps

Dernière mise à jour : 23 juin 2023

Ce sont d'abord les couleurs chatoyantes de l'affiche de Disco Boy qui m'ont attiré en salle. Je n'ai pas été déçu: la photographie d'Hélène Louvart est effectivement sublime, et met en valeur le corps, élément central du film.


Disco Boy met en parallèle deux histoires. La première, c'est celle de Jomo (Morr N'Diaye), jeune révolutionnaire au Nigéria, et de sa soeur Udoka (Laëtitia Ky). Tous deux sont également danseurs. De l'autre côté, Alekseï (Franz Rogowski), biélorusse taciturne, venant d'entrer illégalement en France. Sans papiers, il s'engage dans la Légion étrangère, motivé par l'obtention d'un titre de séjour. Il est envoyé au combat dans le delta du Niger, contre le mouvement écologiste dont fait partie Jomo. Cette croisée des chemins donne lieu à un combat, d'abord, la lutte à mort entre Alekseï et l'un des hommes de Jomo, puis à une rencontre mystérieuse entre lui et Udoka. Le film s'ouvre sur une issue "utopiste", selon le réalisateur: Alekseï suit sa conscience morale et abandonne la Légion. Si la séquence finale est magnifique, l'intrigue m'a un peu laissé sur ma faim dans cette dernière partie. J'ai globalement trouvé que les images avaient pris le pas sur le scénario, qui me laisse plusieurs questions sans réponses, mais cela vient aussi du caractère poétique et mystérieux du récit.


L'attention particulière portée aux images et à la lumière donne lieu à un premier film visuellement stupéfiant. Les corps sont magnifiquement mis en scène, notamment dans les scènes de danse; les mouvements sont soulignés par les jeux de lumière et rythmés par une BO électro efficace, signée Vitalic. Cette scène illustre l'importance du corps dans le film. Celui-ci nous est en effet donné comme central dès le plan d'ouverture, enchevêtrement de corps endormis à la chair transpirante. Le corps d'Alekseï subit également un traitement particulier: il disparaît sous l'uniforme militaire et mis à rude épreuve par le chef. Dans les douches, dans la scène finale de danse, mais surtout lorsqu'il est déshabillé après avoir refusé de chanter en chœur, la chair surgit lorsqu'Alekseï ne se soumet plus aux ordres. Les images filmées en caméra thermique nous donnent également à voir le corps d'une manière originale, rendant ainsi sa présence, sa chaleur, sensibles au spectateur.

 

Note: 3,5/5


Disco Boy, Giacomo Abruzzese, 2023.

Chimères

© Chimères, 2023.

bottom of page